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10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 21:58

Imaginez que des gens décident de ne pas respecter la loi, qu’ils le fassent de manière publique en sachant que les autorités israéliennes seront forcées de réagir.

Imaginez que quand les forces de l’ordre tentent d’empêcher ces infractions, ces gens les traitent de nazis, les agressent physiquement puis après avoir été stoppés par les soldats israéliens, ils se présentent comme des victimes auprès de la presse.

Quand il s’agit de soi-disant « humanitaires » turcs, il y a un consensus (dans la population juive en Israël) sur le fait que Tsahal a bien réagi.

Mais quand les forces de l’ordre israéliennes sont agressées par des adolescents juifs à Beit El qui tentaient d’empêcher la destruction d’une cabane illégale, le ton chez certains sionistes religieux est différent.

« Nous devons protéger la terre d’Israël », « Ce gouvernement est criminel », « On ne pardonnera jamais à Bibi ce qu’il a fait », j’en passe et des meilleures.

Depuis une quinzaine d’année, un débat secoue la société israélienne, en réalité une minorité de la société israélienne mais dont l’influence est plus importante que son nombre réel.

Le sionisme religieux, partenaire du sionisme depuis la fin du XIXème siècle connaît une division qui ne fait que s’accentuer ces derniers temps.

Après avoir au nom de « l’amour gratuit » appelé à garder de bonnes relations tant avec les orthodoxes qu’avec les laïcs, le sionisme religieux, qui a toujours regroupé des idéologies différentes est en train de se diviser de manière inéluctable.

La disparition cette semaine du Rav Mordehaï Eliahou, le dernier rabbin à être reconnu par l’ensemble du sionisme religieux devrait agrandir cette division.

Politiquement, on peut distinguer deux groupes, ceux qui votent pour Ihoud Leoumi (Union Nationale), parti d’extrême droite d’opposition, dirigé par Katzele et ses amis kahanistes, de l’autre ceux qui ont choisi Habayit Hayeoudi (Foyer juif), hériter du PNR ou le Likoud, qui avait placé plusieurs figures sionistes religieuses sur ses listes aux dernières élections (Yuli Edelstein, Zeev Elkin, Effi Eitam).

Sur le plan spirituel, d’un coté les rabbins Dov Lior (Kyriat Arba) et Zalman Melamed (Beit El), qui appellent les soldats à désobéir en cas d’évacuations, qui soutiennent les mouvements les plus radicaux parmi la population des implantations (Komemiyout, Women in green…), qui ont fait des changements dans la prière pour l’Etat d’Israël et qui de manière générale voient dans les gouvernements ne suivant pas leurs idées, des gouvernements traitres contre lesquels il faut combattre.

De l’autre, les rabbins Yaakov Ariel (Ramat Gan) et Shlomo Aviner (Beit El également, au grand dam des proches du rabbin Melamed, qui ont crée un site injurieux contre le rabbin Aviner), qui restent légalistes, qui appellent les soldats à obéir, qui continuent de diffuser le message de leurs maitres, les rabbins Kook, père et fils, sans essayer de les interpréter selon l’actualité du moment.

Quand Baroukh Goldstein avait tué 29 musulmans en prière au Caveau des patriarches en leur tirant dans le dos en 1994, le rabbin Lior l’avait qualifié de « saint », tandis que le rabbin Aviner avait condamné cet acte criminel sans chercher la moindre excuse à ce terroriste juif.

En 1995, le meurtre du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin par un juif portant la kippa, avait amené des condamnations unanimes mais alors que le rabbin Melamed dans un discours à Beit El affirmait que « le public religieux sioniste n’avait rien à se reprocher », le rabbin Aviner, le même jour déclarait en public « Nous sommes tous coupables ».

Puis ce fut les déclarations des rabbins vivant en Judée-Samarie appelant les soldats à désobéir, ordre rejeté vigoureusement par le rabbin Aviner. Au moment du retrait israélien de la bande de Gaza, on a pu voir la division s’accentuer avec d’un coté les élèves du rabbin Melamed jetant de la peinture sur les soldats à partir du toit de la synagogue de Kfar Darom et ceux du rabbin Aviner, priant dans celle de Nevé Dekalim.

Le rabbin Melamed, dont le fils Eliezer a vu sa Yechiva expulsée du Hesder pour avoir soutenu le droit des soldats de refuser d’obéir aux ordres, a poussé cette semaine ses élèves à manifester contre les forces de l’ordre.

Pendant que des dizaines de jeunes traitaient de « nazis » les soldats en leur jetant des pierres, le rabbin Melamed se tenait à quelques mètres, offrant ainsi une caution religieuse à ses ouailles, selon des témoins sur place.

De son coté, le rabbin Aviner qui dirige une Yechiva, un institut pré-militaire, une association qui construit des maisons et achète des terrains à Jérusalem (Ateret Cohanim), qui publie quatre livres par an en moyenne, qui enseigne dans tout le pays, qui répond à plusieurs centaines de questions par semaine, qui écrit dans une dizaine de publications chaque semaine est l’un des rabbins les plus influents du monde sioniste religieux contemporains, sans avoir fait jeter le moindre caillou contre un soldat par ses élèves…

Deux enquêtes criminelles sont en cours contre les institutions de Beit El dirigées par le député Yaakov Katz (Katzele) et le rabbin Melamed.

La presse évoque le « Holyland » de Beit El et l’affaire est loin d’être close.

"Nous sommes le cœur du pays, du peuple juif et de la Torah d'Israël" a affirmé Katsele devant des dizaines de personnes.

Je vous laisse juger du bien-fondé de cette affirmation...

Ces gens continuent de vouloir donner des leçons de morale au peuple juif qui lui n’a pas perdu la raison et sait qu'à l’image des zélotes de l’époque du second Temple, les Katsele et ses comparses sont une menace sur le caractère juif et démocratique de l’Etat d’Israël.

Les passagers de la flottille, soutiens indéfectibles au Djihad mondial, me paraissent parfois moins dangereux pour l’avenir d'Israël que ces gens qui soutiennent le terrorisme juif et veulent saper les fondements de l’Etat d’Israël.

 

 

 

 

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