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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 15:59


Lors de la visite d’Auschwitz-Birkenau, la délégation de députés de la Knesset que j’accompagnais a été guidée sur les lieux par un spécialiste du sujet, un guide qui est considéré comme la « vedette » de ce genre de visites.

Le Dr Efraim Kaye est le directeur des séminaires pour éducateurs de Yad Vachem et il est indéniablement une véritable encyclopédie vivante de la Shoah.

Cet homme sait répondre de mémoire à chaque question des visiteurs : combien de prisonniers vivaient sur place au moment de la libération ? Combien mesure chaque paillasse ? Combien de personnes entraient à la fois dans la chambre à gaz ? Combien de personnes pouvait-on brûler à la fois et en combien de minutes ?

Ce type est un phénomène ! Et ce phénomène m’a mis hors de moi !

De Cracovie à Auschwitz, il a parlé pendant une heure dans le bus, racontant l’histoire de l’antisémitisme qui a mené à la Shoah, une conférence qui a réussi à endormir la moitié du bus, l’autre parlant discrètement en attendant l’arrivée

Alors qu’on arrive soudain à Auschwitz, sans aucune préparation ; il est encore en train de raconter l’invasion par les nazis de l’URSS, n’ayant pas eu le temps apparemment de calculer le temps de son exposé (ce n’est que la 20éme fois qu’il fait ce voyage…)

Au lieu de nous expliquer ce que nous allons voir, les deux phrases qu’il prononce avant qu’on descende du bus sont les suivantes : « Les toilettes sont en bas à l’intérieur du musée mais dépêchez vous car nous avons très peu de temps » puis « N’oubliez pas le numéro de votre bus qu’on ne perde personne, celui qui a peur d’oublier qu’il note le numéro sur sa main… »

Je vous jure que je n’ai rien inventé, il ne s’agit pas d’une caméra cachée mais du « meilleur guide » d’Auschwitz !!!

Il s’est rapidement excusé sans esquisser le moindre sourire (contrairement au rescapé du camp qui trouvait cette petite phrase très amusante).

Après avoir mis nos casques, nous avons eu le droit à la suite de sa savante conférence, tout en marchant dans les restes du camp.

« Ici, vous ne voyez rien, mais il y avait la rampe, ici, non plus, vous ne voyez rien mais il y avait les chambres à gaz et ici le monceau de neige recouvre ce qui étaient les fours crématoires ».

Pas un instant, il ne s’est arrêté de parler, étalant sa science aux députés comme s’il s’exprimait face à un public n’ayant jamais  entendu parler de la Shoah.

J’ai rapidement fermé le bouton qui me permettait d’entendre sa voix afin de pouvoir me recueillir sur ce lieu où il est si aisé de provoquer de l’émotion mais Efraim Kaye a poursuivi, regrettant parfois de n’avoir que 4 heures pour parler, alors qu’il est clair qu’il aurait pu continuer ainsi pendant des journées entières, sans exprimer le moindre sentiment .

De toute façon, j’aurais du m’en douter avec sa réaction suite à sa gaffe sur le numéro du bus,  comment un homme qui n’a pas d’humour pourrait engendrer la moindre émotion?

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commentaires

E
<br /> faut quand meme avouer que les gens qui n'ont pas d'humour sont souvent les plus rigolos, bien malgre eux...<br /> <br /> <br />
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E
<br /> pourtant, on en connait qui ont de l'humour... et n'expriment pas trop de sentiments... ca marche dans un seul sens?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> je l'ai noté sur mon avant-bras...<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> Tu as noté son numéro si on le veut comme guide?<br /> <br /> <br />
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